MASSIF DES ALPES-MARITIMES

MASSIF DES ALPES-MARITIMES : PRÉSENTATION ET PREMIERS ALPINISTES

Le point le plus élevé du massif des Alpes Maritimes correspond, sur le versant français, avec le Gélas (3143 mètres), dans la haute Vésubie, au bout du vallon de la Madone-de- Fenestre, noyau central d’où partent un certain nombre de vallées mitoyennes, la Gordolasque et le Boréon qui confine avec la Tinée, le versant italien appartenant à la haute vallée du Gesso. Le sommet le plus élevé du massif est quant à lui complètement italien: c’est l’Argentera (3297 mètres). Curieusement, ce massif a été baptisé Mercantour par des géologues et des géographes du siècle dernier, le sommet du Mercantour (2775 mètres) n’étant quant à lui qu’un sommet secondaire du massif. La ligne primitive de partage des eaux passait par la crête culminante du Malinvern, de la Rocca-della-Paur, de Valmiana, du Matto, d’Argentera et d’Oriol, puis le phénomène géologique de capture décrit par Raoul Blanchard a reculé les sources du Gesso vers le Sud, au niveau de la crête actuelle.

Très peu de gens, avant 1864 (première ascension à titre d’alpinisme du Gélas), se sont aventurés dans le massif, l’accès en étant très difficile, par des vallées étroites. De plus, les grandes cîmes qui auraient pu éventuellement attirer l’oeil de l’alpiniste sont bien cachées au fond de ces vallées. De St.Martin, impossible de voir le Gélas ou la Cougourde. La Maledia, quant à elle, demandait sept heures de marche depuis Belvédère avant de laisser voir ses rochers !
De tous temps, on semble avoir emprunté le col de Fenestre, mais seuls quelques bergers et sans doute les chasseurs de chamois ont dû parcourir quelques sommets secondaires. Le passage du col de Cerise, ou col d’Arnouve, fut utilisé pour transporter le sel de Provence en Piémont au XVème siècle par le service ducal de la Gabelle. Certainement, les contrebandiers empruntèrent aussi d’autres cols, d’où les noms de Pas des Ladres, Pas de Pagari…

Les seules ascensions connues sont celles des topographes sardes qui effectuaient la triangulation. Le capitaine La Rocca, en 1830, monte à la cîme Est du Matto, et le capitaine Cossato, de 1832 à 1836, monte aux sommets du Clapier, de Ténibres et du Tournairet. On note aussi en 1832 Lorenzo Pareto, qui avec l’aide d’un porteur passe plusieurs jours dans les Alpes Maritimes. Géologue, passionné par les montagnes et aventurier, il fera la première ascension du Mont Bégo, de la Roche de l’Abisse, puis en 1840 de l’Enchastraye.

Il faut dire que se rendre dans les hautes vallées au titre de voyageur n’est pas une mince affaire: il faut être assez fortuné pour s’offrir le voyage, le logement et les services d’un guide. De plus, côté français, par le traîté franco- sarde de 1860, tous les vallons situés au-dessus de nos villages, pourtant propriétaires des terrains, sont laissés à l’Italie. Pour les Français, il faut donc faire viser les passeports au Consulat d’Italie à Nice. Grâce à la création du «Club Alpino Italiano», et au président de sa section turinoise Cesare Isaia, qui avec le guide Giovanni-Battista Abba réalisera en 1871 la première ascension du Mont Stella par la paroi Sud, une structure alpine se met en place. Côté français, Jacques André, polémiste niçois passant plusieurs étés à la Madone-de-Fenestre, réalisera quelques belles ascensions. En 1874, la création de la section de Cuneo du «Club Alpino Italiano», puis en 1880 la fondation de la section des Alpes- Maritimes du «Club Alpin Français», parachèvent la structure alpine des Alpes-Maritimes. La grande conquête peut commencer.

Suite -> LA CONQUÊTE DU GELAS (3143 mètres)

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